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  • Manon Bounissou

Les ulcères chez le cheval ... de course



Pour bien comprendre le phénomène d'ulcération chez le cheval, il faut tout d'abord faire un bref rappel du comportement alimentaire du cheval, de ses besoins et de sa physiologie digestive : naturellement, le cheval passe en moyenne 18h à se nourrir en se déplaçant (au pas). La salive est produite en continue – même en l'absence d'aliments dans l'estomac – et sa basicité assure un effet tampon sur les sécrétions acides de l'estomac. De plus, les déplacements continus mais lents du cheval facilitent le transit des aliments. Mais avec l'utilisation du cheval, notamment pour les courses, nous lui imposons des conditions de vie qui lui sont inadaptées (vie statique et individuelle en box, ration fractionnée, faible apport en fibres ...) impactant à plus ou moins long terme sa santé. Le système digestif du cheval est souvent considéré comme étant un de ses points faibles (quel propriétaire ne redoute pas l'angoissante colique, le soir d'un jour férié ?) et c'est donc souvent à ce niveau que les problèmes apparaissent. Parmi eux, les ulcères gastriques arrivent en première position chez les chevaux de course à l'entraînement puisque l'on considère que presque 100 % d'entre eux sont concernés contre environ 20 % des chevaux au pré (ce sont des estimations, aucune source ne dit la même chose).


Un ulcère gastrique est une dégradation de la muqueuse de l’estomac généralement accompagnée de destruction cellulaire conduisant à l’apparition de plaies, dont le nombre et la sévérité (taille, profondeur) varient en fonction du stade et de l'animal. Ils sont le plus souvent la conséquence d’un déséquilibre entre l’augmentation de l’exposition à l'acide de la muqueuse et une défaillance des éléments protecteurs de cette paroi.


On recense de nombreux facteurs:

1. Le premier et pas le moindre, l'alimentation ! Chez les chevaux de sport, les glucides très digestibles (flocons de céréales, avoine) sont très souvent distribués en très grande quantité. Bien que ces derniers sont aisément fermentés par la flore de l’estomac, ils entraînent une baisse du pH localement et donc une acidification supplémentaire du milieu. Les repas sont souvent peu nombreux (2 à 3 par jour) et sont, par conséquent, nettement plus volumineux (jusqu’à 10L/repas des fois...) ce qui augmente une nouvelle fois le risque d’exposition au contenu acide. Pensez donc à fractionner au maximum les repas et surtout à laisser du foin à volonté autant que possible, y compris la nuit! Ou alors complétez les rations par une alimentation riche en fibres qui ont un fort pouvoir tampon. De plus, l’apport en matières grasses (huiles végétales) permet d’augmenter l’apport énergétique d’une ration pour un volume similaire en céréales (on peut diminuer l’avoine du coup, non ?) mais aussi de participer à la protection et la nutrition de la muqueuse gastrique en la tapissant. De nombreuses autres astuces existent pour protéger la paroi gastrique: l’argile est un excellent pansement, les prébiotiques jouent un rôle non négligeable, le miel, l’aloe vera ... ou bien un produit que vous trouverez chez votre vétérinaire, à vous de choisir !


2. L’entraînement intensif et l'exercice à jeun : durant l'effort intense, les muscles abdominaux se contractent et font augmenter la pression intra-abdominale, responsable d'une augmentation de la pression à l'intérieur de l'estomac. Cette pression est alors à l'origine de la remontée du contenu de l'estomac (et donc des acides) vers la muqueuse de la partie supérieure de l'estomac qui elle, n'est pas protégée. C'est pourquoi il est plutôt conseillé de ne pas faire travailler le cheval à jeun.le mode de vie statique : l'inactivité au box ne permet pas de stimuler la vidange du contenu intestinal assez efficacement. Et ce n'est pas 1h de sortie quotidienne qui le permet non plus, malheureusement ...


3. Le stress : transports longs et sans eau, sevrage/débourrages trop rapides, confinement à l'écurie et donc l'ennui, toutes les autres causes de stress connues... 4. Viennent ensuite les expositions répétés à certains anti-inflammatoires (AINS) et les anesthésies générales, mais on espère tous que les chevaux ne soient pas de grands habitués de ce genre de choses.

Il n'est pas toujours évident de se rendre compte qu'un cheval a des ulcères, (bien que si plusieurs de ces conditions sont réunies, il y a de fortes chances que votre cheval en souffre), mais certains signes peuvent mettre la puce à l'oreille : changements de comportement/ agressivité notamment au pansage ou lors de la distribution de nourriture, baisse de performances voire intolérance à l'effort, bruxisme, réaction plus ou moins violente au sanglage, perte d'état (amaigrissement, poil piqué), tic à l'appui mais aussi coliques de faible intensité, essentiellement après les repas …. La présence de signes oriente très facilement le diagnostic mais l'absence n'exclue pas pour autant l'hypothèse d'ulcération gastrique !


Les conséquences sont très importantes, à la fois sur l'organisme et le moral du cheval (un ulcère c'est douloureux, alors imaginez parfois des dizaines!) mais aussi sur le portefeuille du propriétaire car la douleur provoque des contre-performances importantes et donc des pertes économiques non négligeables pour un propriétaire de cheval de course.


En ostéopathie, quelques tests complémentaires peuvent nous permettre de mettre en évidence de façon relativement fiable la présence d'ulcères bien que seule une endoscopie réalisée par un vétérinaire puisse nous indiquer le nombre et leur localisation. Les manipulations ostéopathiques peuvent soulager le cheval mais si aucun traitement (changement d'alimentation et/ou complémentation, réduction du stress …) n'est mis en place, l'action ne sera que de courte durée.


Un cheval ulcéreux c'est certes très courant (tous les chevaux peuvent être touchés, quels que soient leur âge, leur race ou leur activité) mais ce n'est pas normal pour autant, et c'est encore moins une fatalité ! Alors oui, les chevaux de course, et de sport en général, sont les plus touchés car réunissent le plus de conditions, mais pensez à faire attention à tous ces signes et regardez un peu votre cheval, au box/ pré, et au travail. Peut être qu'il a quelque chose à vous dire quand il ne veut pas s'incurver, ou quand il montre les dents au sanglage !

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